La honte au golf

Une petite brève de cet excellent conteur qu'est Jean-Michel Bonnot sur le monde golf.
Je pense qu'elle tombe à pic après ce week-end à Giez!

Citation :

On ne sait pas qui a prétendu le premier qu’un moment de honte est vite passé.
Certainement pas un type qui sortait de cinq heures et demie de « Pro-Am » sous le cagnard !
On ne sait pas si vous avez déjà eu la « chance » de disputer un « Pro-Am », mais on dirait que ça n’a été inventé que pour ça :
vous donner une idée très précise de vos propres limites en vous confrontant des heures durant aux deux bornes de l’extrême golfique –
le swing du pro de circuit, infiniment gracieux et efficace, et le rough du circuit pro, infiniment pourri et retors.

Et encore, les organisateurs de l’Open de France, dans leur infinie sagesse, ont-ils choisi de ne pas ouvrir ce jour-là le parcours
aux foules badaudes ourlant d’ordinaire les départs, de part et d’autre, aux fins :

1) de se moquer du swing de « l’Am », amateur de préférence connu, jusqu’à ce que ce dernier, bien malgré lui, lui en slice une au ras des moustaches ;

2) admirer le swing du pro en pleine décontraction.

Et donc, vous êtes là, frustré d’avoir dû relever votre troisième balle en cinq trous, après avoir vainement tenté de faucher le fouillis
végétal en pente raide qui borde le 12 de l’Albatros à grands coups de wedge rageur, quand vous surprenez un autre « Am en peine »
de votre partie, en train de putter pour 11 sous l’oeil infiniment las quoique tout à fait poli du pro.
Lequel, rendu le lendemain au commun de ses frères d’excellence, se ramassera peut-être un 80 honteux.

Et vous réalisez soudain que la honte est la chose la mieux partagée du monde en golf.

Enfin, on dit « honte », le terme est peut-être un peu fort.
Vous pouvez préférer gêne, embarras, confusion, humiliation, mauvaise conscience, c’est affaire de nuance et de degré de lucidité.

Ernie Els raconte qu’une fois où il se tenait à côté d’un amateur au drive, pieds écartés, la tête un peu ailleurs, le maladroit parvint à
expédier d’un drive extrêmement précis, la sockette de toutes les sockettes à angle droit exactement entre les deux pieds du « Big
Easy », passant tout près de lui briser une jambe.

Et Lee Westwood ajoute qu’un jour, sa route a croisé le gratteur de tous les gratteurs qui réussit l’exploit de planter son chip tellement en amont de sa balle, que l’impeccable divot arraché à l’avant-green s’en vint la recouvrir complètement, tandis que son coup de binette sauvage se terminait en un air-shot lamentable.
« Il m’a regardé à peine surpris et m’a demandé : « C’est quoi la règle dans ce cas-là ? », se souvient Lee.
Mais je me marrais tellement que je n’ai pas pu lui répondre.
Il ne m’a plus adressé la parole de tout le Pro-Am ! »
Le maladroit, bien sûr, était en droit de considérer qu’il n’avait pas payé une fortune pour se faire foutre de lui par Lee Westwood.

On est tout de même en droit de voir dans sa bouderie un manque certain d’humour, d’autodérision et, pour tout dire, de lucidité.
Mais il faut croire que le golfeur moyen dispose au fond de son sac de plus de vieilles balles à expédier dans l’eau que de sagesse au fond de sa cervelle embuée par le venin du « coup-parfait-qu’on-a-déjà-réussi-sur-ce-putain-de-trou-d’eau-et-qu’il-y-a-pas deraison-
qu’on-ne-le-refasse-pas, merde ! »
Si bien que, d’une manière générale, on distingue beaucoup mieux la paille qui est dans le fer 7 de son voisin que la poutre qui vous tient lieu de colonne vertébrale au backswing.
Et que, parcours faisant, on a souvent un poil honte pour ses partenaires, là où ceux-ci ne remarquent sûrement que vos propres faiblesses.

Par exemple, ce qui nous met en joie, même si la victime en est anonyme, c’est de retrouver à une pauvre dizaine de mètres d’un départ,
une balle garantie « extra-long-super-explosivedistance », et d’imaginer la tête du gogo qui l’a payée une fortune.
On sait c’est cruel, mais ça nous fait pouffer. Discrètement.
Parce qu’on sait bien que satiriquement, tout ou presque au golf étant sujet à moment de honte, la suivante ne devrait pas être très
loin de nous retomber sur les pompes.

C’est aussi ce qui fait un des charmes un peu surannés du golf.
On apprend très vite qu’il vaut mieux attendre d’avoir soi-même franchi la mare aux canards avant de se moquer
des ronds dans l’eau de son voisin.
Il serait d’ailleurs amusant d’établir un palmarès de ce qui vous fait rire sous cape.
Ne parlons même pas de la sockette et du yips qui sont des maladies convulsives si honteuses que certains hésitent à en prononcer le
nom maudit en public.
D’abord parce qu’on ne se moque pas de la maladie, surtout honteuse et convulsive, et ensuite parce que nul n’est à l’abri de
ces fatidiques hoquets.
Non, vous voyez, ce qui nous fait ricaner, la tête discrètement enfouie dans la poche à vêtements de pluie de notre sac de golf,
c’est de voir un de nos nouveaux cap-horniers des fairways scruter l’horizon d’une jumelle inquisitrice,
le front plus soucieux que celui du capitaine Haddock lancé à la poursuite
du Trésor de Rackham le Rouge.

Saisir enfin le club adéquat d’une main sûre, bien décidé à expédier son projectile à 97 mètres 50 « sharp » et… produire une pauvre
gratte qui envoie sa balle bouler péniblement à 15 mètres de là.
L’effet comique, moins high-tech mais tout aussi sûr, vaut également pour le type qui étudie toutes pentes du green avec une attention de maître-arpenteur et reste court du trou de 2 mètres.

On aime aussi beaucoup le « sexa » décati du type « j’étais du boum du golf des années 80, le vrai, moi, jeune-homme » qui joue
en voiturette et tempête contre la lenteur des parties, la dame si « comme il faut » qui se plaint à haute voix des nuisances des accrocs du téléphone portable et se parfume à l’arrosoir, et autres mordus de l’étiquette qui n’ont eux-mêmes qu’un souci très approximatif du bien-être de leurs contemporains.

Mais on se doute que vous avez dû vous aussi repérer quelques autres motifs de courte honte de notre sport, qui nous auront échappé et dont nous
sommes peut-être même affligés sans le savoir.
« Notre sport… » « T’as bonne mine », nous a soufflé goguenard un fan de foot, au soir de la victoire de sa rondeur premier Miguel Ángel à l’Open de France.
« Pour ça, il a un beau profil de champion, ton Jiménez. T’as pas honte ? »

Et là, on dit STOP ! FERTIG, BASTA, Halte au feu. Fini de rire.
Plus jamais, cette question oiseuse, sur le caractère sportif ou non de notre chère pratique.
Plus jamais cette interrogation supposée nous mettre, comme disent nos enfants, la « ouhal » (Oui, parce que « ouhal- la honte »,
ils sont marrants nos enfants !), chaque fois qu’un artiste des roughs aux mains de velours n’a pas le pectoral d’acier et la ceinture abdominale
garantie chrome-cobalt. Clamons, une fois pour toutes, que « le golf n’est pas un sport, parce qu’il est beaucoup mieux que ça » et brisons là.

D’ailleurs on a coupé court. Et répondu que la dernière fois qu’on avait eu honte au golf, c’était en débarquant en Afrique du Sud au Pezula Resort Hotel and Spa, là où les Bleus de Raymond Domenech avaient si brillamment oeuvré pour la reconnaissance mondiale de notre savoir-faire en
matière de grève perlée.

Quand il avait fallu avouer qu’on était français.

Jérôooooooooooooooome, lis ça!

Excellent Kjeldor! (je préfère ça aux montres amphibies....)

J'adore ce type !
Tous les mois depuis 2 ans, dès que j'ai le nouveau jdg du mois, je vais directement lire sa brève.
Toujours excellent !

Mini Flyette a écrit:

Jérôooooooooooooooome, lis ça!

Excellent Kjeldor! (je préfère ça aux montres amphibies....)

j'me sens moins seul d'un coup !!!

Stages en Aout ! c'est décidé !!! faut reprendre à zéro ! avec Yan s'il est ok et un ucpa !

Petit-Cousin a écrit:

J'adore ce type !
Tous les mois depuis 2 ans, dès que j'ai le nouveau jdg du mois, je vais directement lire sa brève.
Toujours excellent !

jerome pingouin a écrit:

Mini Flyette a écrit:

Jérôooooooooooooooome, lis ça!

Excellent Kjeldor! (je préfère ça aux montres amphibies....)

j'me sens moins seul d'un coup !!!

Stages en Aout ! c'est décidé !!! faut reprendre à zéro ! avec Yan s'il est ok et un ucpa !

L'UCPA, c'est avec moi, hein dis?

à priori ce serait le 22 aout pour nous ! je reprends le boulot début septembre ! ;(

jerome pingouin a écrit:

à priori ce serait le 22 aout pour nous ! je reprends le boulot début septembre ! ;(

Zut à 1 semaine près!

sur l ucpa ...prudence.....

gillesb a écrit:

sur l ucpa ...prudence.....

tu parles enseignement ou confort sur place?

UCPA
Un Coup Par An...

frank a écrit:

UCPA
Un Coup Par An...

c'est ma cadence ! cool !

frank a écrit:

UCPA
Un Coup Par An...

J'connais la date pour cette année !!

Et pour les moniteurs, c'est Un Coup Par Arrivage!

J'espère que le mono sera une fille car ce sera encore pour Lilly autrement comme a giez !!!!! hein seb et ludo !

jerome pingouin a écrit:

J'espère que le mono sera une fille car ce sera encore pour Lilly autrement comme a giez !!!!! hein seb et ludo !

Euh GG arrête tes films ! Nous, on a joué au golf !!!!


( mais il vrai que tu ne sais pas ce que c'est !!! ce n'est pas une position du kamasutra.. ) Je t'expliquerai...

jerome pingouin a écrit:

J'espère que le mono sera une fille car ce sera encore pour Lilly autrement comme a giez !!!!! hein seb et ludo !

bah si c'est une fille, je veux bien venir, je suis libre cette semaine là !!

seb a écrit:

jerome pingouin a écrit:

J'espère que le mono sera une fille car ce sera encore pour Lilly autrement comme a giez !!!!! hein seb et ludo !

bah si c'est une fille, je veux bien venir, je suis libre cette semaine là !!

des promesses, des promesses !!